Entrée en Christ - Témoignage de Clément, baptisé lors de la Vigile Pascale 2019

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Mainguérin, le samedi 9 mars 2019
Demain sera un dimanche particulier, celui de l’appel décisif des catéchumènes. Depuis bientôt deux ans, j’emprunte une route qui doit me mener à intégrer la communauté des Baptisés : le peuple de Dieu, sa sainte Église catholique.

Attaché profondément à comprendre ce que je ressens, ce que je veux croire, je m’instruis autant que je peux, j’écoute et réfléchis à la parole de Dieu, je partage les chants et les prières des fidèles de ma paroisse, et quel bonheur j’en retire ! Quelle joie de voir que malgré un monde qui se détourne de plus en plus de Dieu, la foi habite encore tous ces cœurs de si belle façon. Je me suis senti dès le départ accueilli très chaleureusement, et je me sens chaque jour et davantage encore chaque dimanche accompagné par de nombreuses prières. Je trouve cela extraordinaire !
À la veille d’être appelé par Monseigneur Aumonier, je mesure l’étendue du chemin déjà parcouru. Je reçois aujourd’hui comme une vraie ressource de force spirituelle mon assiduité à la messe. La voix de l’Esprit m’appelait en réalité depuis de nombreuses années, mais aujourd’hui mon cœur est prêt à chercher le véritable visage de Dieu. Je mesure également, sans en percevoir l’achèvement, l’immensité des mystères dont j’aimerais approfondir l’expérience, et je me sens parfois misérable et tellement faible devant les exigences de l’engagement que je vais prendre. Mais le Père Charles-Henry Huguet le répète souvent : « nous sommes faibles si nous ne comptons que sur nos propres forces, mais par la prière, les secours de l’Esprit Saint sont inépuisables ».
Dans une joyeuse sérénité mêlée d’impatience et de trac, je me prépare à répondre enfin de toute ma voix et de tout mon cœur à l’appel du Seigneur.

Mainguérin, le dimanche 10 mars 2019

Aujourd’hui a été un dimanche bien particulier. J’ai bien cru manquer cet appel du Seigneur si décisif que je me voyais déjà redoubler mon catéchuménat… Le trajet pour nous rendre, mon épouse et ma fille, mon parrain, et moi, à la collégiale de Mantes-la-Jolie fut un périple sans fin où barrages de police et obstacles naturels se sont succédé pour nous mettre des bâtons dans les roues, presque au sens propre. En effet, course cycliste et vents violents avaient semé d’embûches presque tous les chemins qui mènent à Mantes !

Fort heureusement, ces détours n’entamèrent nullement ma détermination à parvenir au but, et non seulement nous sommes arrivés à temps (tout juste), mais cette petite pression a suffisamment distrait mon esprit pour qu’à notre entrée dans cet immense espace de prière rempli de monde qui chantait « Ecoute ton Dieu t’appelle », je sois saisi, attrapé au vol par une atmosphère fraternelle qui m’est de plus en plus familière : celle de la présence de Jésus en chacun de nous. Il faisait froid dans cette grande église, mais le feu qui brûlait dans tous ces cœurs était une chaleur suffisante. Quel spectacle réjouissant ! Une assemblée à la fois si hétéroclite par les apparences et les parcours de vie, et par ailleurs si unie par la foi.

Le rite de l’appel décisif proprement dit, fut un moment à la fois long et court, intense et fugace mais profond, et je me suis senti à l’appel de mon nom sûr de moi, parfaitement certain d’être à ma place, confiant et heureux d’inscrire mon patronyme dans une famille qu’à la fois je découvre, mais que parfois j’ai l’impression de retrouver, comme si je retournais instinctivement à la source de toutes choses, l’Amour du Père.

Fort des prières de cette magnifique assemblée, je m’apprête à vivre un Carême rempli d’espérance !

 

Mainguérin, le mercredi 17 avril 2019

La semaine Sainte a commencé d’une bien sinistre manière : la cathédrale Notre-Dame de Paris a été fortement endommagée par un incendie ! Ce vaisseau de calcaire, symbole séculaire de l’Eglise de France, a subi l’épreuve du feu. Pour la destruction ? Pour la purification ? Par sa position centrale au cœur de Paris, je veux voir dans cet événement un appel à renouveler nos propres cœurs de pierre, afin de restaurer l’Eglise vivante.

Au lendemain de la grandiose messe chrismale de Versailles et à la veille du triduum pascal, je ressens une joie et une hâte grandissantes à l’idée d’apporter ma petite pierre à l’édifice universel. Étrangement, moi qui ai toujours voulu tout maîtriser, tout analyser et tout comprendre, sans jamais réellement y parvenir, je ne suis même pas anxieux à l’idée si irrationnelle en apparence, de remettre mon esprit entre les mains de Dieu. Je remercie chaque jour le Seigneur pour ses grâces, la plus belle étant peut-être de croire et d’espérer en Lui, et d’aimer à travers Lui ; la grâce de l’intime conviction d’être aimé au-delà de la vie et de la mort physique ; cette grâce que j’ai voulue, que j’ai mûrie, et que j’ai finalement reçue, gratuitement. Porté par les prières de ma communauté paroissiale, j’essaye aujourd’hui d’intérioriser la Passion du Christ pour vivre ce triduum le plus intensément possible. J’ai du mal à revivre le chemin de douleur de Jésus, à me plonger dans sa Passion, car j’ai beau la relire, ma joie demeure.

Nul doute que la liturgie des célébrations sera une aide pour me plonger dans la beauté dramatique de cette dernière étape de ma vie hors du Christ.

 

 

Mainguérin, le lundi 22 avril 2019

Ça y est, le Christ est ressuscité ! Pâques est là, le tombeau est vide, et ma nouvelle vie a commencé ! Quelle émotion lors de cette vigile pascale ! Quelle jubilation, quelle ferveur, quel bonheur ! Lors du triduum, l’agonie de notre Seigneur a été difficile à ressentir de façon triste tant je débordais de hâte et d’enthousiasme. Le Christ crucifié est allé jusqu’à me faire un clin d’œil lors de la vénération de la Croix, comme pour me dire « ne te morfonds pas artificiellement, et n’aie pas honte de connaître déjà l’issue heureuse du drame que nous revivons ». Et je lui ai souri.

J’ai vécu les rites du Baptême, de la Confirmation et de l’Eucharistie dans une immense joie, je me sentais entouré d’une grande famille, attentionnée et aimante, et je ne cessais de répéter en moi-même : « Merci Seigneur, merci mes amis, merci mes frères et sœurs pour toutes ces grâces ». Et tous ces gens, à ma grande stupéfaction venaient me féliciter et me remercier moi aussi !

Recevoir pour la première fois le Corps du Christ et communier également au Précieux Sang fut pour moi une expérience intimidante, car  mon intimité avec le Seigneur était en quelque sorte exhibée sous les projecteurs à ce moment-là. Mais ma seconde communion le jour de Pâques, où j’étais enfin un membre « quelconque » de l’assemblée, m’a en revanche bouleversé ; un flot d’émotion m’envahit et un amour immense, un amour divin, inonda mon cœur ouvert, sans que je puisse retenir quelques larmes de joie.

Aujourd’hui, je suis devenu un véritable enfant de Dieu et un nouveau frère de Jésus, et j’ai reçu tellement gratuitement que je me demande si je pourrais rendre à Dieu un centième de ce qu’Il m’a donné… éternel débiteur, j’offre au Seigneur ma vie, et ma volonté de la vivre selon son amour.

Clément Christopher